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A.Lamarque : 15/01/2023



Interview Bruno Besson : coach et mentor au sein de l’Alpine Academy


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Derrière les jeunes pilotes Victor Martins (champion de Formule 3 en 2022), Oscar Piastri ou Jack Doohan, une entité est présente : l’Alpine Academy. Cette structure vise à encadrer les meilleurs jeunes pilotes de monoplace pour les faire progresser et les accompagner dans leur carrière. L’objectif est de dénicher un futur pilote de Formule 1. Ces jeunes talents ont besoin d’encadrement. Le coach est donc un élément central. Ce dernier peut aussi voir son rôle s’élargir à la gestion de la carrière du pilote. Bruno Besson occupe ce rôle au sein de l’académie. Après des années de monoplace à batailler pour les meilleures positions et un titre en Eurocup en 1998, il transmet maintenant son savoir.

Échange avec un coach et manager au cœur du développement des pilotes professionnels de demain.

Comment est née ton envie de coacher ?

Quand je roulais encore en GT et 24 heures du Mans, je suis allé en Asie pour remplacer un ami : Bruce Jouanny chez Meritus pour faire du coaching sur 3 courses en Formule BMW Asia et ça c’est très bien passé. Depuis cette époque, j’ai toujours trouvé des pilotes et des teams qui ont eu besoin de moi. J’adore partager mon expérience et donner des conseils à des pilotes pour les voir progresser.

Pourquoi as-tu choisi de te spécialiser dans la monoplace ?

J’ai roulé la majorité de ma carrière en monoplace et j’ai adoré ! J’ai toujours roulé dans le TOP 5 donc je sais de quoi je parle au niveau des sensations, de l’expérience à avoir pour rouler devant et de la préparation.

En quoi consiste ton activité de coaching ?

Je travaille sur le simulateur avec mes pilotes pour apprendre les circuits et travailler la technique. Après, il y a aussi la préparation à faire pour des tests ou une course. Sur le circuit, je suis tout le temps sur les virages à le regarder et voir ce qu’il faut corriger ou pas.
Beaucoup de travail vidéo et de datas avec l’ingénieur. Et surtout une aide mentale quand il faut le pousser ou le rassurer.


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Bruno Besson avec Caio Collet

Quelle place à la vidéo (onboard) dans ton travail ?

De nos jours, la vidéo (Onboard : anglicisme pour vidéo embarquée) est un super outil de travail voir indispensable pour se perfectionner et se comparer avec les meilleurs.

À cette activité s’ajoute le management de carrière, en quoi consiste cette offre ?

J’aime bien le management du pilote pour les choix d’une carrière: la team, la catégorie et les tests à faire pour être bien prêt. C’est très important de faire les bons choix en sortant du karting avec une bonne connaissance des teams où il faut signer et apprendre les bases du pilotage. Connaître les teams aussi en Freca (Formula Regional European Championship by Alpine ), F3 et F2 avec le bon package pour son pilote.

Depuis 5 ans, tu travailles avec l’Alpine Academy, quel est ton lien avec le programme ? Comment fonctionnes-tu avec celui-ci ?

Je suis dans l’Alpine académie depuis 5 ans comme coach et je regarde aussi les jeunes en F4 qui ont un bon potentiel. J’ai suivi pendant 4 ans les pilotes de Freca et depuis l’année dernière la F3 et F2 aussi. Cela consiste à la préparation des tests et des courses, vidéo et data en plus de ce que je vois sur la piste. En F3 et F2, il y a plus un côté mental car je dois les motiver ou les calmer quand il le faut. Pour 2023, je devrais avoir un autre rôle dans l’académie qui va bientôt être définie.


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Les pilotes Alpine Academy (de droite à gauche) : Victor Martins, Caio Collet, Ollie Caldwell, Jack Doohan

En dehors du programme Alpine, t'occupes-tu d'autres pilotes? Quel est le nombre maximum de clients que tu peux coacher ?

Je suis avec Suleiman Zanfari en F4 Espagnole et après je suis sur des courses en F4 France (cette année à Pau avec Enzo Peugeot et Louis Pelet) de temps en temps ou gentleman driver (pilote non professionnel participant à des courses au volant de sa voiture ou en louant la voiture à une écurie) quand d’autres coachs ne peuvent pas être partout. Si tu veux faire les choses bien, tu ne peux avoir que deux programmes maximum par année.

Quel est le pilote, que tu as managé/coaché, qui t’as le plus impressionné ?

J’ai eu la chance de travailler avec beaucoup de pilotes. Actuellement, j’adore travailler avec Caio Collet (pilote en Formule 3 chez VAR pour 2023, ndlr) et j’adore le style de pilotage de Victor Martins (pilote en Formule 3 chez ART en 2022, ndlr) qui est pour moi très talentueux.
J’ai découvert cette année Jack Doohan (pilote en Formule 2 chez Virtuosi pour 2023, ndlr) qui est un pilote qui va très, très, vite en piste et un gros travailleur. Il est ouvert aux conseils et à la discussion donc c’est super agréable de travailler avec lui. (Retrouvez le Vlog de Margaux GP sur le test d’une Formule 1 de Jack Doohan).

Un pilote à suivre ?

Un pilote à suivre, pour moi, c’est Nikola Tsolov (Champion de Formule 4 espagnole en 2022, membre de l’Alpine Academy et managé par l’agence de Fernando Alonso) ! J’ai été quatre jours en tests avec lui fin 2021 et j’ai été impressionné par sa vitesse et ses progrès. Il applique facilement les conseils et c’était super intéressant pour moi de travailler avec lui. J’ai confirmé tout de suite à Alpine qu’il fallait le signer car il mérite.


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Nikola Tsolov imitant la célébration de Fernando Alonso après une victoire à Spa

Quel est ton meilleur souvenir en tant que coach/pilote ?

Je n'ai pas réellement de meilleur souvenir en tant que coach, mon plaisir est de voir mes pilotes en progrès et content de mes conseils. En tant que pilote, mon titre en Eurocup 1998.

Au vu des enjeux, la carrière d’un pilote est soumise à une forte pression psychologique. Elle peut aussi s’arrêter brutalement. As-tu vécu un moment difficile avec un pilote en raison d’un de ces éléments ?

Tous les pilotes ont rencontré des moments difficiles où tu ne progresses pas comme tu as envie ou les résultats ne sont pas là d’où l’importance d’être bien encadré et de rouler dans une bonne structure pour te donner la confiance ainsi que les bonnes infos pour rebondir.
Je pense aussi que les pilotes roulent trop et ce n’est pas bon pour l’envie. J’en ai vu certains en burn out !

Pour conclure, as-tu encore le temps de rouler en course ?

Mon travail me prend déjà trop de temps mais ça m’arrive de monter dans des GT quand il faut montrer aux gentlemen drivers comment on fait. Je vous rassure, ça met toujours du gaz !

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